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« Les agriculteurs ne sont pas confinés »

Si les Français ont le droit de sortir pour faire des courses de premières nécessité, les agriculteurs ont le devoir de continuer de «nourrir la population». Et pour eux, pas de télétravail possible.

Avec les événements sanitaires qui se déroulent actuellement, les équipes de la Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne (CA 87) sont «sur le pont». Son président Bertrand Venteau a confirmé que les agents étaient toujours joignables. Une «cellule de crise» a même était créée pour «faire remonter tous les problèmes que rencontrent les agriculteurs». *

Effort de guerre

«Les agriculteurs ne sont pas confinés. On est dans le métier alimentaire donc on bouge. De toute façon, on n’a pas le choix on le sait bien. Il faut qu’on bouge pour nourrir la population, pour soigner nos animaux, s’occuper de nos cultures et ainsi de suite». Pour répondre à ceux qui le demandent, «il n’y a pas besoin d’autorisation pour se déplacer en tracteur», du moment où on ne s’éloigne pas trop de son exploitation. En revanche, il en faudra une pour un trajet plus long, comme pour rendre un service au voisin ou aller chez son vétérinaire.

En première ligne

Naturellement soumis à l’effort de guerre, les agriculteurs sont également en première ligne d’une crise économique qui s’installe. Avec la limitation drastique des déplacements au sein de l’espace Schengen, la question du commerce extérieur se pose évidemment. Si rien n’est encore acté, la suspension de tout échange avec l’Italie et l’Espagne reste toujours une éventualité : «On reste vigilant. Si jamais il y avait des blocages, on essaierait de trouver des solutions. On va certainement avoir des conséquences économiques sur le court terme, mais il faut regarder beaucoup plus sur le long terme» insiste Bertrand Venteau.

Il se sent d’ailleurs un peu oublié des mesures annoncées par le gouvernement pour aider les entreprises à faire face au Covid-19. Il estime que, «comme d’autres corps de métiers», les agriculteurs et agricultrices auraient légitimement droit à une «compensation» : «Le secteur agricole a lui aussi besoin d’aide» martèle Bertrand Venteau. «Plutôt que du report», la Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne revendique «des exonérations de charges. C’est vraiment ça qui peut nous sauver».

Consommer local

Ce n’est que son avis mais Bertrand Venteau «encourage nos consommateurs à acheter chez nos producteurs locaux. Ils prendront à [son] sens beaucoup moins de risques que d’aller en Grandes et moyennes surfaces». Et si l’abattoir de Limoges connaît quelques difficultés d’adaptation face à l’afflux de bêtes, tout devrait selon lui rentrer dans l’ordre. «On ne peut pas laisser nos producteurs en circuits courts sur le bord du chemin, on ne les laissera pas tomber. Ils ont besoin d’abattre, de commercialiser, comme ceux qui sont en circuits longs».

Ne doutant pas une seconde de la solidarité des paysans, Bertrand Venteau sait que l’entraide se met en place dans nos campagnes. Une valeur essentielle dans l’attente de jours meilleurs.

Johan Detour

* Les agriculteurs peuvent poser toutes leurs questions relatives au Coronavirus par email covid@haute-vienne.chambagri.fr ou par téléphone au 06.12.69.39.93.

Retrouvez notre entretien avec le président de la Chambre d’Agriculture de la Haute-Vienne :

Entretien avec Bertrand Venteau – 18 mars 2020 – Le GRAL

Photo à la Une : Bertrand Venteau, président de la Chambre d’Agriculture de Haute-Vienne. Crédit : CR87.

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