A la une Environnement Général KAOLIN ROCHECHOUART

Oradour sur Glane: Chimirec-Delvert centre de retraitement de déchets dits « dangereux » souhaite s’implanter sur la commune

Société Chimirec Delvert de Jaunay-Clan dans la Vienne (86)

Une des filiales du groupe CHIMIREC souhaite s’implanter en Haute-Vienne sur la commune d’Oradour sur Glane. Chimirec-Delvert est spécialisée dans le retraitement de produits dangereux comme les huiles destinées à la lubrification des transformateurs électriques et d’autres déchets non-dangereux . Une enquête publique est en cours.

Cette enquête publique se poursuit jusqu’au 16 novembre 2019. Le commissaire enquêteur est d’ailleurs présent une fois par semaine à la Mairie d’Oradour sur Glane pour recueillir les observations et propositions du public. Cette enquête débouchera sur un arrêté pris par la Préfecture de la Haute-Vienne. Cet arrêté donnera ou refusera une autorisation environnementale.

Cette possible implantation inquiète Saint-Junien Environnement :

« Des filiales du groupe Chimirec ont déjà fait l’objet de condamnations parce qu’elles avaient rejeté dans l’atmosphère des PCB qui ont eu pour conséquence l’abattage de bovins en Mayenne » se rappelle l’un des membres de l’association.

L’association St Junien environnement souligne la dangerosité potentielle d’un tel projet pour l’environnement.

La situation est plus qu’inquiétante selon l’association, pour autant elle n’est pas fermée à l’implantation de CHIMIREC DELVERT dans le paysage haut-viennois mais appelle tout de même à la vigilance car selon elle, il y a un adoucissement grandissant de la réglementation dans la gestion des matières toxiques en France. Pour Saint Junien Environnement, l’accident de l’usine Lubrizol à Rouen est étroitement dû à cet adoucissement dans la réglementation. 

Elle concède qu’il est important d’avoir des usines capables de retraiter ce type de matières dangereuses mais souhaite que CHIMIREC-DELVERT fasse l’objet d’une attention particulière.

 L’un des membres de l’Association ajoute :

« Une fuite de ces produits due à des pluies abondantes pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la biodiversité, l’usine étant située non loin de la rivière Glane. Un débordement des bassins de stockage pourrait entraîner un ruissellement des matières toxiques dans la Vienne. »

Le Maire d’Oradour sur Glane Philippe Lacroix, confiant :

Ces types de dossier sont suivis de très près car ils sont très complexes, précise le Maire de la commune.

Le Maire indique que ce projet permettrait de créer entre 10 et 15 nouveaux postes. Des emplois dont il est difficile de se passer en zone rurale.

Sur la problématique environnementale , le Maire rassure :

Il affirme que tout est mis en place pour ne pas courir de risques. Ces entreprises sont capitales dans le processus de protection de l’environnement selon Philippe Lacroix. En permettant le stockage et le traitement de ces matières dangereuses, on évite les décharges sauvages.  « J’ai déjà vu des gens verser de l’huile de moteur dans les rivières », se souvient le Maire. C’est sur ce point que St Junien environnement et le conseil municipal d’Oradour sur Glane tombent d’accord.

Maire d’Oradour sur Glane
Plan de la possible implantation du Centre de Transit de déchets sur Oradour sur Glane – image extraite de documents disponibles sur le site de la Préfecture de Haute-Vienne.

Malgré l’enquête publique ouverte, le projet reste méconnu pour les riverains …

Les habitants interrogés d’Oradour sur Glane ne connaissent pas ce projet pour la plupart. Certains disent avoir entendu parler de la possible installation d’une entreprise en périphérie de la commune mais son activité demeure méconnue. Une enquête publique est pourtant toujours en cours. Les documents relatifs à ce dossier peuvent être consultés en Mairie.  » Il y a des enfants, il y a des gens qui habitent pas loin, j’y serai opposée si le site est déterminé comme dangereux » , indique une habitante de la commune interrogée.

Mais alors pourquoi tant d’inquiétudes ?

Car des filiales du Groupe Chimirec ont déjà connu les couloirs de la justice.

Quinze mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende : Lourde condamnation du tribunal correctionnel de Paris en 2013 à l’encontre de Jean Fixo, PDG de Chimirec. L’une des filiales du groupe :  Aprochime était poursuivie pour trafic de déchets dangereux. Ce sont des anciens cadres de la société qui ont lancé l’alerte à l’époque sur les pratiques de ces filiales.

L’alerte a conduit à l’ouverture d’une instruction en 2006 menée par le parquet de Paris. L’office Central de Lutte contre les Atteintes à l’Environnement et à la Santé Publique révèle un trafic de déchets pollués au PCB : un puissant polluant classé comme cancérogène probable. 

En France, la fabrication ou l’utilisation de PCB est interdite depuis 1987 !

En fait, certaines de ces sociétés devaient décontaminer les huiles pour les revendre. Or décontaminées, elles ne l’étaient pas.

En 2017, l’affaire revient devant la Cour d’appel de Paris: trois sociétés du groupe sont condamnées à 80 000 euros d’amende. Pas assez pour France Nature Environnement qui décide de se pourvoir en Cassation.

 La procédure est toujours en cours.  L’arrêt n’est toujours pas rendu, mais les chefs d’inculpation poussent Saint Junien Environnement à appeler à la prudence face à la possible installation d’une autre filiale du groupe, CHIMIREC Delvert, aux portes d’Oradour sur glane.

D’autres difficultés liées au retraitement des huiles … 

Chimirec Delvert ne souhaite pas communiquer sur ce sujet. Néanmoins, dans une video intitulée « La difficile situation de la filière des huiles usagées »  publiée sur le site internet youtube, CHIMIREC affirmait connaitre des difficultés financières sur la filière du retraitement des huiles non-seines. Didier Meffert, représentant Chimirec et Vice-président de la branche huiles usagées au CNPA ( Conseil National des Professions de l’Automobile ) en 2016 confirmait qu’un danger environnemental pouvait exister dans ce contexte. Cette crise dans le secteur des huiles usagées aurait été due à l’effondrement des cours du pétrole. 

Enquête publique toujours en cours :

Le Préfet de la Haute-Vienne, Seymour Morsy, devra décider si oui ou non, CHIMIREC DELVERT peut avoir une autorisation environnementale à l’issue de l’enquête publique, le 16 novembre prochain.

Le site ne sera pas classé SEVESO mais pas certain que cela rassure l’association St Junien environnement pour autant.  

Journal régional du 22 octobre 2019 :

Erwan Chassin
Journaliste au GRAL

Laisser un commentaire